📑🐝Synthùse scientifique : notre essentiel pour comprendre les pollinisateurs

Audrey - notre responsable de l'Ă©quipe agroĂ©cologie - nous a concoctĂ© une synthĂšse des informations les plus importantes Ă  avoir en tĂȘte quand il est question des pollinisateurs. Une synthĂšse basĂ©e sur des recherches scientifiques (les sources sont toutes disponibles en lien hypertexte) pour comprendre le contexte et AGIR ! đŸ’ȘđŸ»đŸ’ȘđŸ»

Bonne lecture ! 

Qui sont-ils ?

Lorsqu’on Ă©voque les pollinisateurs, on pense souvent Ă  « l’abeille » et cela sous-entend gĂ©nĂ©ralement l’abeille domestique mais il existe en rĂ©alitĂ© une multitude d’espĂšces d’abeilles, non domestiquĂ©es et il y a bien d’autres pollinisateurs que les abeilles, tous aussi indispensables, sinon plus par la diversitĂ© d'espĂšces.

Parmi les 40 000 espÚces d'insectes de France métropolitaine, les principaux insectes « floricoles » et pollinisateurs se répartissent essentiellement dans ces 4 grands ordres :

  • đŸȘ°Les diptĂšres : Mouches, Syrphes, Moustiques, etc. => prĂšs de 10 000 espĂšces en France mĂ©tropolitaine.
  • 🐝Les hymĂ©noptĂšres : Abeilles, Bourdons, GuĂȘpes, etc. => prĂšs de 10 000 espĂšces en France mĂ©tropolitaine.
    On compte Ă©galement 972 espĂšces d'abeilles en France MĂ©tropolitaine. 1 seule espĂšce habite une ruche et fait du miel. Mais la chanceuse, elle possĂšde un gros capital sympathie... ! 
  • 🩋Les lĂ©pidoptĂšres : Papillons de jour et de nuit => 5 700 espĂšces en France mĂ©tropolitaine
  • đŸȘČLes colĂ©optĂšres : ScarabĂ©es, Longicornes, Coccinelles, etc. => plus de 2 000 espĂšces sur les 12 000 espĂšces en France mĂ©tropolitaine.

Un insecte possÚde 4 stades de développement au cours de sa vie durant laquelle leurs besoins évoluent : oeuf, larves (plusieurs stades), nymphe et adulte, appelé aussi imago.

Un peu d’histoire 
et surtout une trĂšs trĂšs longue co-Ă©volution !

Depuis plus de 250 millions d’annĂ©es, insectes pollinisateurs et plantes Ă  fleurs ont co-Ă©voluĂ©; l’évolution des uns affectant celle des autres. Plus de 90% des plantes sauvages Ă  fleurs utilisent aujourd'hui les pollinisateurs pour se reproduire !

C’est donc l’abondance et la diversitĂ© des insectes pollinisateurs qui font toute la richesse du monde fleuri qui nous entoure et dont nous dĂ©pendons (pour manger, pour se soigner, pour respirer, etc.).

Mais quels liens avec nous, humains ???

Oui, les insectes sont garants de notre alimentation et de notre santé !

75% de la diversité des plantes qui remplissent nos assiettes
dépendent des insectes pour leur reproduction.

La pollinisation est indispensable Ă  la production de fruits ou de graines (cf. photo ci-contre d'un petit dĂ©jeuner sans pollinisateurs sur la planĂšte). Mais ce que nous dĂ©couvrons depuis plusieurs annĂ©es, c’est que les insectes sont autant indispensables pour la quantitĂ© que pour la qualitĂ© de notre alimentation
 (par exemple pour dĂ©guster des pommes bien formĂ©es avec un meilleur goĂ»t, pour conserver les fraises plus longtemps ou bien pour bĂ©nĂ©ficier d’amandes avec davantage d’acide gras, etc
)  Les fruits et les lĂ©gumes pollinisĂ©s par les insectes renferment en fait la majoritĂ© de la vitamine A, de la vitamine C, des antioxydants et de l’acide folique que nous consommons.

Une humanitĂ© sans insectes pollinisateurs est donc une humanitĂ© qui se nourrit de bien peu de choses, et qui a sans doute besoin de vitamines de synthĂšses pour rester en bonne santĂ©. C’est tout de mĂȘme un tableau bien sombre ...

CrĂ©dit : Slide issue de la prĂ©sentation d’Hugues MOURET de l'association Arthropologia lors de l’évĂ©nement Rencontre pour la PlanĂšte organisĂ© par 1% for the Planet France. Lien d’écoute ici.

Et si on parle finance 


Le coĂ»t de la pollinisation - ce service Ă©cosystĂ©mique de pollinisation des cultures rendu par les insectes - a Ă©tĂ© Ă©valuĂ© Ă©conomiquement et il reprĂ©senterait, Ă  l’échelle de la planĂšte, entre 230 et 570 milliards de d’euros de service rendu gratuitement et annuellement par les pollinisateurs aux sociĂ©tĂ©s humaines.

"Ils s'arrĂȘtent jamais, travaillent jour et nuit, les jours fĂ©riĂ©s. Ce sont des incroyables collĂšgues de boulot"

Parole d'agriculteur

Pourtant, nous semblons les avoir oubliés ou relégués au second plan. Une étude de 2017 met en effet en lumiÚre une diminution de la biomasse d'insectes de 75% en seulement trois décennies.

Sources : Hallman et al. 2017, MusĂ©um National d'Histoire Naturelle ou Émision radiofrance avec une Ă©cologue, chercheuse et enseignante au MusĂ©um National d'Histoire naturelle et le directeur de recherche au CNRS au Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive Ă  Montpellier.

Vous avez dit 75% ??? Mais comment est-ce possible ???

Voici les causes classĂ©es par l’importance de leurs impacts :

  • đŸ›ŁïžLa destruction des habitats naturels est la premiĂšre cause : destruction de forĂȘts, prairies, zones humides, des haies (plus gros pourvoyeurs de fleurs), etc. 
  • đŸ§ȘLes pesticides suivant : herbicides, fongicides et insecticides

  • đŸŒŸLa disparition de la flore diversifiĂ©e. En cause : la standardisation et l'expansion des milieux agricoles supprimant la diversitĂ© des gĂźtes et des garde-manger.
  • 🩟Les parasites et les espĂšces envahissantes : parasites, pathogĂšnes et espĂšces exotiques.
  • đŸ”„Le changement climatique : les insectes n’étant pas capables de rĂ©guler leur tempĂ©rature.

Pollinisateurs sauvages ou abeille domestique, faut-il choisir ?

Pour contrer l’effondrement des insectes pollinisateurs, de nombreux citoyens, associations, entreprises ont alors eu l’idĂ©e ou l’envie d’installer des ruches dans leur jardin ou sur leur toit entrainant des accroissements de densitĂ© de ruches trĂšs importants.

"Installer des ruches de partout pensant sauver les abeilles, c'est aussi efficace qu'installer des poulaillers de partout pensant sauver les oiseaux ... Ça part d'une bonne intention mais ça ne marche pas."

Mais les abeilles domestiques vivent en colonies de 20 à 80 mille individus avec des besoins de nectar et de pollen énormes, ce qui peut potentiellement avoir des conséquences importantes pour le reste des pollinisateurs sauvages.

En effet, l’impact des colonies d’abeilles domestiques sur les abeilles sauvages semble diminuer au-delĂ  d’1,1 km. Mais alors, combien de ruches, maximum par kmÂČ ? 

Il semble qu’aucune compĂ©tition n’a Ă©tĂ© montrĂ©e pour des densitĂ©s infĂ©rieures Ă  3 ruches par kmÂČ. C’est peut-ĂȘtre une piste
Pourquoi ne pas imaginer laisser des zones protĂ©gĂ©es aux pollinisateurs sauvages et permettre dans d’autres milieux sauvages l’exploitation (raisonnable) des ressources par les apiculteurs ?

Source : Institut de l'abeille 

ON PASSE À L'ACTION ??

Existe-t-il des solutions au déclin des pollinisateurs ?
OUI OUI OUI !

Pour les Larves, qu’est-ce qu’on met ? Des pouponniùres partout !!!

Les hĂŽtels Ă  insectes, une fausse bonne idĂ©e !

Les hĂŽtels Ă  insectes ne conviennent qu’à 4-5-6 espĂšces diffĂ©rentes maximum, des espĂšces pas trop contraignantes et les plus communes.

"Les hÎtels à insectes, c'est comme si on mettait des nids à Merles, à Pies et à Corneilles un petit peu de partout, c'est pas les oiseaux les plus en difficulté"

Source : Hugues MOURET, directeur scientifique d'Arthropologia dans le podcast Les Vivantologues

De plus, des Ă©tudes menĂ©es sur ce type d’amĂ©nagements ont montrĂ© que la concentration et la promiscuitĂ© des nids peuvent favoriser certains parasites (acariens, bactĂ©ries, champignons...), certains prĂ©dateurs ou encore certaines maladies.

"Ces petits hĂŽtels consistent Ă  dire "les animaux pour accomplir leur cycle ont besoin de cette variĂ©tĂ© d'espaces. Voici ce qu'il devrait exister dans nos espaces verts ; du bois mort, des ronces, des feuilles mortes, des briques, des pommes de pin, etc.". Ă‡a ne voulait pas dire "construisez des hĂŽtels."
L'hÎtel à insecte, c'est un objet à visée pédagogique mais ce n'est pas ça qui sauvera les insectes.

Source : Hugues MOURET au sujet des hĂŽtels Ă  insectes dans le podcast Les Vivantologues

Les PouponniĂšres = ne pas (trop) nettoyer "nos espaces verts"

La majorité des abeilles et de nombreux autres insectes pollinisateurs nidifient et nichent dans les sols : des sols secs, argileux ou sableux, parfois des talus pentus, souvent peu végétalisés.

  • đŸȘ”Laisser les bois morts au sol. Le bois mort est essentiel pour beaucoup d’insectes pollinisateurs qui s’y abritent ou pondent leurs Ɠufs. C’est en plus un milieu de vie ou de refuge indispensable pour de nombreux autres ĂȘtres vivants.
  • 🍂En automne, laisser les feuilles mortes en place aura un double intĂ©rĂȘt : nourrir le sol et protĂ©ger la petite faune.
  • Les haies champĂȘtres fournissent d’importantes ressources de nourriture en fleurs ou en feuilles, de lieu de ponte ou d’hivernage et d’espace de refuge ou de dĂ©placement.
  • D'autres espĂšces de pollinisateurs vont rechercher des anfractuositĂ©s dans les milieux minĂ©raux (pierriers, parois, murs, briques
) pour nicher ou hiverner.

Bref, la diversité des milieux et des écosystÚmes garantit la diversité des gites et des préférences alimentaires de cette diversité d'espÚces.

1 ... 2 ... 3 ... PLANTONS !!!!!!!!!!!!!!!

ET PASSONS À L'ACTION !! DE MULTIPLES POSSIBILITES !!

  • đŸŒ·Limiter la tonte, laisser la libre Ă©volution des milieux : ce qui pousse spontanĂ©ment sur nos territoires correspond aux besoins de la faune locale selon le principe de coĂ©volution millĂ©naire
  • đŸ‘šâ€đŸŒŸPlantez ou semez des haies (=plus gros pourvoyeurs de fleurs)
  • 🌳Des arbres et arbustes, dĂšs que vous le pouvez !
  • 🌿Laisser pousser des lianes et plantes grimpantes sur les murs, dans les haies
 Elles crĂ©ent des refuges et des garde-manger Ă  la petite faune.
  • 🌿Laissez une place au lierre et Ă  la ronce « berceau du chĂȘne » qui fournissent Ă©galement le gĂźte et le couvert Ă  de nombreuses espĂšces
  • 🌛Laisser sa place Ă  la nuit : certains insectes nocturnes sont trĂšs perturbĂ©s par des lumiĂšres permanentes.
  • đŸ«Cultiver des fruitiers, des baies, etc. et les partager avec le vivant. Tous au potager !
  • â›ČFournissez-leur Ă  boire. Les insectes ont aussi besoin de boire et se rafraichir. Bien penser Ă  changer l’eau rĂ©guliĂšrement.
  • 💩Creuser des mares et des micro bassins ! 

Il est Ă©galement possible de candidater Ă  des dispositifs, comme le Marathon de la biodiversitĂ© pour ĂȘtre accompagnĂ© administrativement, financiĂšrement et techniquement pour la plantation de haies ou la mise en place de mares.

  • 🍛Retrouver du pouvoir d(ans nos) achats en se rapprochant de structures qui soutiennent des agricultures protectrices du vivant (utilisant le moins possible d'intrants chimiques, qui plantent des haies, maintiennent des jachĂšres, etc), aller dans des marchĂ©s de producteurs ou pousser directement la porte des fermes.

"L'abeille une merveille de la nature" par CĂ©cile LEVEAUX,
Apicultrice et responsable projets d'innovation sur l'abeille.

Oui, il s'agit d'une abeille parmi les 972 espÚces d'abeilles et les 40 000 espÚces d'insectes de France métropolitaine. La seule à vivre dans une ruche et à produire du miel.

Mais elle bénéficie d'un énorme capital sympathie (on l'aime beaucoup!) et c'est une des rares espÚces à travailler en collaboration avec nous humains, via l'apiculture.
Aussi, elle reprĂ©sente une aide prĂ©cieuse pour tĂ©moigner des difficultĂ©s que l'ensemble des insectes rencontrent et nous ouvrent les portes et le coeur au reste de ces petites bĂȘtes si intelligentes et indispensables.

Cette confĂ©rence sera l'occasion de bĂ©nĂ©ficier des observations et apprentissages prĂ©cieux de CĂ©cile LEVEAUX qui travaillent au quotidien en leur contact. Et qui permettra aussi Ă  DIM d'introduire toutes les copines et les copains des abeilles domestiques ainsi que les travaux que nous menons pour les protĂ©ger ! 

Alors on compte sur vous pour ĂȘtre au rendez-vous ! đŸ˜ƒ

Dites nous en commentaire ce que vous avez pensé de cette synthÚse. Est-ce qu'elle vous a été utile ?

A bientĂŽt !